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vii

LA SAINTE CATHERINE

(le naufrage)

Les glaçons ressemblaient à d’immenses décombres
Entassés sur les bancs de cailloux, dans les ombres.
Et c’était le reflux ; la mer se retirait.
Dans les remous nombreux le brigantin virait
Comme une feuille sèche au milieu de nos routes.
Les matelots bordaient vainement les écoutes.
La voile était fendue et des lambeaux gelés
Aux vergues de sapin restaient encor gonflés.
Si la neige cessait quelques instants, la lune
Jetait un reflet vif sur la voile de hune.

Dans le chenal étroit, comme un immense étau
La glace cependant étreint le fier bateau.