Page:LeMay - Tonkourou (nouvelle édition de Les Vengeances), 1888.djvu/47

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LE VIATIQUE

On causait chez Lozet.
— Oui, disait le pilote,
Depuis longtemps déjà l’océan me ballotte.
Une idée autrefois vint hanter mon cerveau :
Voyager ; voir le monde et chercher du nouveau.
Je partis. J’étais seul. Ma jeune et douce femme
Venait de rendre à Dieu, dans un cri, sa belle âme.
Je dis que j’étais seul, non ; j’avais une enfant
Qu’elle m’avait donnée, hélas ! en s’en allant.

Un cheval galopait sur la route nacrée.
Dans l’air froid de la nuit la clochette sacrée
Fit entendre soudain ses tristes tintements :
Un mourant demandait les derniers sacrements.