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tonkourou


Le jeune homme parlait un langage bien tendre
Et la naïve enfant se plaisait à l’entendre ;
Cela l’éblouissait comme un ardent foyer
Où l’étincelle d’or se prend à tournoyer.



Déjà le dévidoir tournait un peu moins vite ;
La laine s’attachait aux doigts de la petite ;
L’eau chantait sur le poêle, et, sur le bahut bleu
On voyait trembloter un long ruban de feu,
Comme un rayon de jour sur le frisson de l’onde.

Et Louise écoutait, dans sa candeur profonde,
Les discours séduisants du jeune marinier.
La mère Jean tenait son tricot routinier
Tout en fredonnant l’air d’une vieille complainte.
Le fuseau suspendit sa monotone plainte ;
La laine au brin soyeux retomba mollement.
Levant son grand œil noir, Louise, par moment,
Balbutiait un mot qui mourait sur sa lèvre.
Elle sentait le feu d’une indicible fièvre.
Elle n’essayait point d’échapper aux transports
Qui ravissaient son être et l’enivraient. Alors
Son cœur n’opposait plus de vaine résistance.

Ils parlèrent longtemps d’amour et de constance.