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xii

LE BATTAGE

Et c’est toujours l’hiver. L’air est plein de frissons ;
Aux gouttières de bois s’accrochent les glaçons,
Comme des glaives nus ou comme une dentelle.
Et tout semble frappé d’une torpeur mortelle.
Sous le voile brillant des neiges, des frimas,
Avec ses chants d’amour et ses prés de damas,
Toujours la terre attend la chaleur printanière.

Le coursier sous le fouet agite sa crinière
Et fait sonner au loin ses grelots éveillés.
Au milieu des vallons les arbres effeuillés
Ressemblent aux vaisseaux qui dérivent sans voiles.
Pendant qu’à la maison l’on fabrique des toiles