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tonkourou

Tout n’était point perdu ; mais il faudrait lutter.
Son cœur dur n’était pas facile à rebuter ;
Son âme résistait longtemps à la secousse ;
Mille moyens pervers venaient à sa rescousse.
Comme tous les méchants, vain, superstitieux,
Il croyait aux esprits, aux sorts malicieux,
Aux philtres amassés, la nuit, dans la campagne.



Tonkourou l’indien et sa vile compagne
Étaient au loin connus pour leur sagacité.
Ils prédisaient la peine et la félicité,
Faisaient naître souvent la haine vengeresse
Ou les ardents transports d’une coupable ivresse.

Elle savait peut-être autant que le huron
Faire bouillir, le soir, dans un large chaudron,
Les simples vénéneux et les herbes lubriques.
Elle savait par cœur des formules magiques.
Dans les cartes lisant, ses regards assurés
Trouvaient mille secrets des autres ignorés.
Amoureux ou jaloux envahissaient sa hutte.