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tonkourou


— Comment, se dit Ruzard, finira cette lutte
Où me pousse l’ardeur d’un rival inconnu ?
Sera-t-il le premier, lui, le dernier venu ?

Il songe à la sorcière et se rend à son bouge.
Il entre, la salue. Elle est sombre et ne bouge.
Il fait sonner de l’or. La vieille au cœur vénal
Grimace, en se levant, un sourire infernal.
Le son de l’or est doux à son âme de pierre.

— Dites-moi l’avenir, bonne mère Simpière,
Je paie un prix royal et j’écoute à genoux.

— Dans l’avenir, c’est vrai, nous pouvons lire, nous ;
C’est un saint privilège. Et nous sommes connue
Pour ne dire à chacun que la vérité nue.
Que veux-tu consulter, les cartes ou ta main ?

— Les cartes, pour ce soir ; je reviendrai demain.

Aussitôt elle bat de vieilles cartes sales,
Les coupe, les divise en quatre parts égales,
Les met en éventail et lit, d’un œil pervers,
Les secrets enfermés dans les signes divers.