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tonkourou

Et l’on ne pourra plus dans l’instant charroyer :
Je trouverai Lozet fumant à son foyer.
Mais pouvez-vous encor m’affirmer, sans méprise,
Qu’elle va réussir cette grande entreprise ?

— Éloigne le marin et tu réussiras.
Va droit au but, sans peur ! Lozet t’ouvre ses bras.
Et Louise, bientôt, oui, Louise qui t’aime
Marchera vers l’autel où le Dieu qu’on blasphème…

Ici la vieille femme eut un geste d’horreur.
Ses yeux semblaient lancer des flammes de fureur.
Elle cracha sur Dieu, puis, comme une vaine ombre,
Elle alla s’enfonçant sous la ramure sombre.

Ruzard, pensif, troublé, revint à sa maison.
Il promena ses yeux sur l’obscur horizon,
Cherchant à découvrir si, jusqu’à la soirée,
La neige allait enfin tomber toujours serrée.

Le vent diminuait un peu ; la neige aussi.
Il fallait en finir avec ce long souci.

Il partit à la brune. Assise à sa fenêtre,
La Pérusse le vit et put le reconnaître.