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Au glorieux jours du Canada primitif[1], le gibier abondait, dans les forêts, sur les battures, les grèves, les cours d’eau, jusque dans le voisinage des villes. Panthères du nord, ours, wapites, loups, caribous, loups-cerviers, renards, vaches-marines ; voilà pour les amateurs de grosses pièces, pour les DuChaillu et les Jules Gérard de l’époque. Il est fait mention, dans le dernier voyage de Jacques-Cartier[2], de la férocité des panthères, grosses comme des lionnes, dans le voisinage d’Hochelaga, dont deux se seraient pen-

    oreilles adoptaient la forme la plus grave. Les remontrances et l’eau de savon venaient à bout des plus rebelles.

    Introduits par ordre de race, au centre de la chapelle, on les rangeait de front, d’après l’âge ou le mérite, devant le tableau de saint Hubert, exposé sur le maître-autel. L’aumônier du château commençait ensuite le sacrifice de la messe et rien n’était omis dans la liturgie spéciale ; puis, il montait en chair et prononçait le panégyrique du patron des chasseurs et des chiens. Malheur au pointeur qui eût baillé à l’exorde ! Malheur au lévrier qui eût dormi sur ces pattes au second point !

    Cette cérémonie, qui a très-réellement existé pendant de longues années, avait pour but d’éloigner des chiens, la gale, le flux du sang, les vers, le mal d’oreille, les crevasses, les morsures des serpents, les piqûres des plantes vénéneuses, les blessures du sanglier et surtout la rage.

    Blaze.

  1. « En la saison les champs sont tous couverts de Grues ou Tochingo, qui viennent manger leurs bleds quand ils les sement, et quand ils sont prests à moissonner : de mesme en font les outardes et les corbeaux, qu’ils appellent Oraguan, il nous en faisaient par-fois de grandes plaintes, et nous demandaient le moyen d’y remedier : mais, c’estoit une chose bien difficile à faire : ils tuent de ces Grues et Outardes avec leurs flesches, mais ils rencontrent peu souvent pour ce que si ces gros oyseaux n’ont les ailes rompues, ou ne sont frappez à la mort, ils emportent aysement la flesche dans la playe, et guerissent avec le temps, ainsi que nos Religieux de Canada l’on veu par expérience d’une Grue, prise à Kebec, qui avait été frappée d’une flesche Huronne à trois cents lieues au délà, et trouvèrent sur sa croupe, la playe guérie, et le bout de la flesche, avec sa pierre enfermée dedans. Ils en prennent aussi quelque-fois avec des collets. »

    (Le Grand Voyage Du Pays Des Hurons.)
  2. Manuscrit découvert dans la Bibliothèque Royale de Bruxelles, en 1855 par M. Viger.