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porté, par un des descendants de l’ancien propriétaire du pont Déry, fixé au lac St-Jean. Je vais dire comment je fis cette découverte.

En août 1884, je descendais en canot d’écorce avec un jeune ami, M. Augustus Maxham, un des traîtres rapides de la Grande Décharge du lac St-Jean. Wm. Griffith, le propriétaire de la célèbre station de pêche, sur ce rapide avait obligeamment octroyé un permis de pêche, à mon compagnon de voyage, lequel, dans moins d’une heure, eut rempli le canot de superbes ouinaniches, pesant, en moyenne, 5 livres, chaque : le ouinaniche que les anglais nomment Land-locked salmon, à cette saison est d’une voracité extrême et prend, n’importe quelle mouche. J’eus la curiosité de m’enquérir du vieux canotier, qui nous conduisait son nom et le lieu de sa naissance. Je me nomme Henry Dery et je suis né au pont de Dery, à la rivière Jacques Cartier « me dit-il, en retroussant son bonnet rouge et retournant sa chique. »

Honoré ou Henri, lequel est votre nom, lui répliquai-je ?

« Ni l’un, ni l’autre, Monsieur, ajouta-t-il, mais Henry Dery. Je porte le nom d’un bienfaiteur de ma famille, le Dr Henry, que vous avez pu connaître à Québec, il y a de cela une soixantaine d’années. Il venait chaque été, pêcher le saumon, à la rivière Jacques Cartier. »

— Pas précisément, lui dis-je : mais je sais de qui vous parlez ! »

Que d’autres choses intéressantes j’aurais à dire sur le compte de l’habile écrivain, qui, je crois, a été le premier à signaler nos estuaires à saumon ? je me bornerai à noter en passant, le récit que renferme son livre, d’une excursion de pèche qu’il fit de Montréal à la Malbaie, en juin 1830, avec un ami, le major Wingfield du 66 Regt. Ils paraissent avoir tous deux fort goûté, l’hospitalité que leur offrit