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Une méthode, cruelle par les souffrances qu’elle entraine, consiste à enfoncer solidement, à quelques pieds de terre, un peu inclinés, dans le tronc de l’arbre au haut duquel on a exposé l’appât, des crochets en fer garnis d’accrocs comme des hameçons. L’ours grimpera, selon sa coutume, le long de l’arbre, ira dévorer l’appât, sans songer à sauter du haut en bas. Il descendra à reculons, en empoignant le tronc de l’arbre, jusqu’au crochets recourbés, qu’il s’enfoncera infailliblement dans les pattes de devant. Il entrera en fureur, mais inutilement, et restera cloué à l’arbre, pour y expirer dans des souffrances atroces et prolongées. Ce procédé, nous le condamnons.

On pourchasse l’ours aussi, vers la fin de l’hiver, avec des chiens ; le chien s’introduira dans sa grotte, révélée au chasseur, par le frimas qui en entoure l’entrée, ou, par la vapeur qui s’en dégage, causée par l’haleine chaude de l’ours, en contact avec l’atmosphère froide du dehors.

Si le chien ne réussit pas à le déloger, une torche ardente introduite dans son repaire est généralement efficace, tandis que le chasseur, embusqué à l’entré de la tanière, assènera à la bête à sa sortie, un coup de hache sur le museau, ou lui logera une balle derrière l’épaule.

L’ours est dur à tuer ; il faut que le projectile pénètre dans le cerveau par l’orbite de l’œil, ou au cœur, par le défaut de l’épaule : une balle ordinaire s’aplatit sur son crâne ; il continue avec entrain la lutte, même après avoir reçu plusieurs balles dans le corps.

De vieux trappeurs vous diront qu’ils connaissent une autre espèce d’ours, de stature plus élevée, — plus robuste, beaucoup plus féroce que l’ours ordinaire, marqué au poitrail d’un croissant ou d’une étoile blanche.

Ce brigand se ruera en plein jour sur un troupeau entier