Page:Le Bon - Lois psychologiques de l’évolution des peuples.djvu/34

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Esaü -type du primitif- ils vendraient volontiers leur droit d’ainesse futur pour le plat de lentilles présent. Lorsque, à l’intérêt immédiat, l’homme sait opposer un intérêt futur, se donner un but et le suivre avec persévérance, il a réalisé un grand progrès.

Cette incapacité de prévoir les conséquences lointaines des actes et cette tendance à n’avoir pour guide que l’instinct du moment condamnent l’individu, aussi bien que la race, à rester toujours dans un état très inférieur. C’est à mesure qu’ils sont su dominer leurs instincts, c’est-à-dire qu’ils ont acquis de la volonté, et par conséquent de l’empire sur eux-mêmes, que les peuples ont pu comprendre l’importance de la discipline, la nécessité de se sacrifier à un idéal et s’élever jusqu’à la civilisation. S’il fallait évaluer par une mesure unique le niveau social des peuples dans l’histoire, je prendrais volontiers pour échelle le degré de leur aptitude à dominer leurs impulsions réflexes. Les Romains, dans l’antiquité, les Anglo-Saxons dans les temps modernes, représentent les peuples qui ont possédé cette qualité au plus haut point. Elle a contribué puissament à assurer leur grandeur.

C’est par leur groupement général et leur développement respectif que les divers éléments psychologiques précédemment énumérés forment les constitutions mentales qui permettent de classifier les individus et les races.

De ces éléments psychologiques les uns ont trait au caractère, les autres à l’intelligence.

Les races supérieures se différencient des races inférieures aussi bien par le caractère que par l’intelligence, mais c’est surtout le caractère qui différencie entre eux les peuples supérieurs. Ce point a une importance sociale considérable et il faut le marquer nettement.

Le caractère est formé par la combinaison, en proportion variée, des divers éléments que les psychologues désignent habituellement aujourd’hui sous le nom de sentiments Parmi ceux qui jouent le rôle le plus important, je noterai surtout la persévérance, l’énergie, l’aptitude à se dominer, facultés plus ou moins dérivées de la volonté. Nous mentionnerons aussi, parmi les éléments fondamentaux du caractère, et bien qu’elle soit la synthèse de sentiments assez complexes, la moralité. Ce dernier terme, nous le prenons dans le