Page:Le Bon - Lois psychologiques de l’évolution des peuples.djvu/37

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

races ont surtout pour origine l’incompatibilité de leurs caractères. Impossible de rien comprendre à l’histoire si l’on n’a pas toujours présente à l’esprit cette idée que des races différentes ne sauraient ni sentir, ni penser, ni agir de la même façon, ni par conséquent se comprendre. Sans doute les peuples divers ont dans leurs langues des mots communs qu’ils croient synonymes, mais ces mots communs éveillent des sensations, des idées, des modes de penser tout à fait dissemblables chez ceux qui les entendent. Il faut avoir vécu avec des peuples dont la constitution mentale diffère sensiblement de la nôtre, même en ne choisissant parmi eux que les individus parlant notre langue et ayant reçu notre éducation, pour concevoir la profondeur de l’abîme qui sépare la pensée des divers peuples. On peut, sans de lointains voyages en avoir une idée en constatant la grande séparation mentale qui existe entre l’homme civilisé et la femme, alors même que celle-ci est très instruite. Ils peuvent avoir des intérêts communs, des sentiments communs, mais jamais des enchaînements de pensées semblables. Ils sont construits sur des types trop dissemblables pour être impressionnés de la même façon par les choses extérieures. La différence de leur logique suffirait à créer entre eux un infranchissable abîme.

Cet abîme entre la constitution mentale des diverses races nous explique pourquoi les peuples supérieurs n’ont jamais réussi à faire accepter leur civilisation par des peuples inférieurs. L’idée si générale encore que l’instruction peut réaliser une telle tâche est une des plus funestes illusions enfantées par les théoriciens de la raison pure. Sans doute, l’instruction permet, grâce à la mémoire que possèdent les êtres les plus inférieurs, et qui n’est nullement le privilège de l’homme, de donner à un individu placé assez bas dans l’échelle humaine l’ensemble des notions que possède un Européen. ,On fait aisément un bachelier ou un avocat d’un nègre mais on ne lui donne qu’un simple vernis tout à fait superficiel, sans action sur sa constitution mentale. Ce que nulle instruction ne peut lui fournir, parce que l’hérédité seule les crée, ce sont les formes de la pensée, la logique, et surtout le caractère des Occidentaux. Ce nègre accumulera tous les diplômes possibles sans arriver jamais au niveau d’un Européen ordinaire. En dix ans, on lui infusera aisément l’instruction. d’un Anglais bien élevé. Pour en faire un véri-