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Et d’ailleurs cette application de quinze jours est bien peu fatigante, puisqu’elle n’exige pas qu’on ouvre une seule fois une grammaire, ni un dictionnaire. Il faut même éviter soigneusement d’en posséder pour éviter de perdre son temps à les consulter.

Voici du reste comment j’ai opéré sur moi-même à l’époque lointaine où j’ignorais l’anglais.

Puisque pour lire il suffit de reconnaître visuellement les mots sans nécessité de les apprendre par cœur — chose beaucoup plus difficile — il fallait tout d’abord être capable d’en reconnaître un certain nombre. Je pris simplement un livre anglais quelconque, le Vicaire de Wakefield, ayant sur une page le texte anglais, et sur l’autre page, le mot à mot français[1]. Je lisais d’abord une ligne d’anglais, puis une ligne de français et répétais la même opération jusqu’à ce que je pusse comprendre la ligne anglaise sans regarder le texte français. Je passais alors à la ligne suivante. Au bout de quelques jours, reconnaissant dans le texte anglais un grand nombre de mots déjà vus, j’étais de moins en moins obligé d’avoir recours au texte français.

Après une quinzaine de jours j’avais lu une bonne partie du livre anglais, mais comme l’histoire était passablement ennuyeuse et que je ne trouvais pas dans le commerce d’autres traductions analogues, je me demandai si je ne pourrais pas lire un texte anglais facile sans traduction. Je fis alors venir d’Angleterre les œuvres d’Alexandre Dumas, traduites en anglais, et que je n’avais jamais lues. Je commençai

  1. Éviter absolument les traductions dites interlinéaires qui maintiennent toujours devant les yeux le texte français sous le texte étranger. Elles constituent un détestable moyen d’apprendre à lire une langue.