Page:Le Bon - Psychologie de l’Éducation.djvu/285

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par essayer de déchiffrer Monte-Cristo. Comme je m’y attendais, je ne comprenais que fort peu de mots et le sens général m’échappait à peu près entièrement. Me fiant au lent travail de l’inconscient, qui finirait par deviner les mots inconnus d’après les indications des mots connus, je continuai la lecture incomprise du livre, me bornant pour tout travail à relire trois fois la même page. Au bout de quelques jours le texte commença à s’éclairer et l’histoire étant fort captivante, je m’y intéressai vivement. Le plaisir devint bientôt tel, à mesure que se développait inconsciemment ma connaissance de la langue, que je dévorai la moitié du second volume en une seule nuit. Un mois juste s’était écoulé depuis que j’avais commencé l’anglais. Je profitai de ce que je me trouvais dans une période de vacances pour lire ainsi une vingtaine de romans, toujours des traductions de français en anglais.

Ce n’était pas sans intention que je choisissais des auteurs français traduits en anglais, et toujours le même auteur, me doutant bien que lorsque j’aborderais un auteur anglais, dont la pensée et le style sont différents, les difficultés deviendraient beaucoup plus considérables. Ayant épuisé cependant la lecture des œuvres de Dumas, j’entrepris celle d’un romancier anglais, et, dès les premières pages, ces difficultés apparurent. Je ne comprenais guère que le quart de ce que je lisais. Je continuai cependant, et de même que pour Monte-Cristo, il arriva, par un travail inconscient de l’esprit, un moment où la lecture devint facile. Je pus lire ensuite aisément d’autres auteurs, mais toujours avec un peu de difficulté au début quand il s’agissait d’un nouvel