Page:Le Bon - Psychologie de l’Éducation.djvu/290

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Géomètre de premier rang, Laplace ne tarda pas à se montrer administrateur plus que médiocre. Dès son premier travail, nous reconnûmes que nous nous étions trompé. Laplace ne saisissait aucune question sous son véritable point de vue ; il cherchait des subtilités partout, n’avait que des idées problématiques et portait enfin l’esprit des infiniment petits jusque dans l’administration[1].

Ce fut, on le sait, à un des plus célèbres mathématiciens modernes, qu’un facétieux escroc vendit, pendant plusieurs années, des autographes fabriqués de toutes pièces, de divers savants illustres, autographes qui furent d’ailleurs reproduits dans les comptes rendus de l’Académie des sciences. Parmi les documents ainsi achetés par le candide mathématicien, il y en avait, paraît-il, de Cléopâtre et de Jésus-Christ ! On peut raisonner parfaitement sur les quantités toujours très simples qui entrent dans une équation et ne rien comprendre à l’enchaînement des phénomènes.

Les mathématiques constituent une langue dont la connaissance ne développe pas plus l’intelligence que celle des autres langues. Un idiome ne s’apprend pas pour exercer l’intelligence, mais uniquement parce qu’il est utile à connaître. Or l’habitude d’écrire les choses les plus simples en langage mathématique est tellement répandue aujourd’hui qu’il y a nécessité pour les élèves d’apprendre ce langage, tout comme ils seraient obligés d’apprendre le japonais ou le sanscrit si tous les livres de sciences étaient écrits dans ces langues.

Le seul point important est de savoir comment on peut arriver rapidement à comprendre puis à parler la langue spéciale des mathématiciens. Les débuts

  1. Cité par A. Rebierre, Mathématiques et Mathématiciens, 2e édition, p. 185.