Page:Le Bon - Psychologie de l’Éducation.djvu/300

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De cette étude, si attrayante et si utile comme facteur d’éducation, l’Université a trouvé moyen de faire la plus lourde des corvées, la plus fastidieuse des récitations mnémoniques. Continuant à appliquer son principe de remplacer la vue des choses par leur description, elle oblige l’élève à entasser dans sa mémoire la définition d’objets qu’on ne lui montre jamais et des classifications qu’il ne peut comprendre.

Et pourtant ce n’est pas le matériel qui serait coûteux, puisque avec les plantes, les pierres, les insectes rencontrés dans une promenade, un professeur doué d’un peu d’esprit pédagogique, pourrait enseigner à l’élève les points les plus essentiels de la zoologie, de la botanique et de la minéralogie. Il est de toute évidence que ce ne sont pas les manuels, mais la vue des êtres, qui peuvent enseigner les sciences naturelles. Voici du reste comment s’exprime à ce sujet un savant éminent, doublé d’un philosophe, M. Dastre, professeur de physiologie à la Sorbonne :

Je comprendrais l’enseignement des sciences naturelles d’une manière toute différente. Il se ferait non point entre quatre murs, devant un tableau noir et avec un morceau de craie ; il se donnerait en plein air, dans des excursions, dans des visites aux jardins zoologiques, dans les musées anatomiques ou dans les galeries d’histoire naturelle. En d’autres termes, pour que l’enseignement des sciences naturelles portât tous ses fruits, il devrait avoir lieu en présence de la nature même. Alors il remplirait son but éducationnel. Tandis que les sciences mathématiques développent la réflexion interne et la faculté logique, l’étude des sciences naturelles aurait pour fonction de développer l’esprit d’observation. Les premières apprennent à l’enfant et à l’homme à regarder au dedans de lui-même ; les autres le transportent au dehors et le rendent attentif à l’immensité des phénomènes qui se déroulent sous ses yeux[1].

  1. Leçons d’anatomie, de Besson. Préface.