Page:Le Bon - Psychologie de l’Éducation.djvu/335

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Le tableau n’est pas brillant sans doute. Lorsque la démoralisation et l’indifférence s’étendent à l’armée, l’heure de la décadence finale est bien proche. Dès qu’une armée cesse d’être le soutien d’une société, elle en devient le danger.

Les nouvelles générations formées à l’École de Guerre comprennent d’ailleurs parfaitement la grandeur et l’importance du rôle éducateur qui leur incombe. Malgré les nuages qui s’amoncellent, il ne faut donc pas désespérer de l’avenir. L’éducation peut nous donner les qualités indispensables aux peuples qui veulent ne pas finir. L’Université et l’Armée ont pris, en Allemagne, une influence qu’elles pourraient avoir en France, mais qu’elles n’ont pas su exercer encore.

Y réussiront-elles ? Là est le problème. Les générations qui grandissent sont appelées à les résoudre. Si elles n’y parviennent pas, ce sera la continuation d’une lente décadence, puis des défaites économiques et sociales qui marqueront la fin de notre histoire.

Et voici enfin terminé un livre qui restera, sans doute le plus inutile de tous ceux que j’ai écrits. Récriminer contre des fatalités est toujours une pauvre tâche, indigne en vérité des labeurs d’un philosophe.

Si, cependant, j’ai publié cet ouvrage sans grandes illusions sur son efficacité, c’est que les idées semées par la plume finissent quelquefois par germer, si dur soit le roc où elles sont tombées. Malgré tant d’apparences trompeuses, les pensées qui mènent les