Page:Le Bon - Psychologie de l’Éducation.djvu/336

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hommes de chaque race ne se modifient guère dans le cours des âges. Elles changent cependant quelquefois.

Il semble que nous soyons arrivés à un de ces rares moments de l’histoire où nos idées puissent se transformer un peu. Le choix des méthodes d’enseignement est autrement capital pour un peuple que celui de ses institutions ou de son gouvernement. Si l’enquête parlementaire a prouvé que le problème de l’éducation est généralement fort peu compris, elle a montré en même temps que ce sujet commence à préoccuper les esprits. Souhaitons qu’il les préoccupe davantage encore et que l’opinion finisse par se transformer. L’avenir de la France dépend surtout de la solution qu’elle saura donner au problème de l’éducation.

Le monde évolue rapidement et, sous peine de périr, il faut savoir s’adapter à cette évolution. L’éloquence, le beau langage, le goût des finesses grammaticales, les aptitudes littéraires et artistiques pouvaient suffire à maintenir un peuple à la tête de la civilisation à l’époque où il remettait ses destinées entre les mains des dieux ou des rois qui les représentaient. Aujourd’hui, les dieux sont morts et il ne reste guère de nations qui soient complètement dans la main d’un maître. Les événements échappent de plus en plus à l’action des gouvernements. Les volontés des plus autocratiques souverains sont actuellement conditionnées par des nécessités économiques et sociales, proches ou lointaines, hors de leur sphère d’action. L’homme, gouverné jadis par ses dieux et ses rois, est régi maintenant par un engrenage de nécessités qui ne fléchissent pas. Les conditions