Page:Le Bon - Psychologie des foules, Alcan, 1895.djvu/200

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forcée des libertés par les assemblées parlementaires, moins visible en apparence est cependant fort réel. Il est la conséquence des innombrables lois — toujours restrictives — dont les parlements, avec leur esprit simpliste, voient mal les conséquences, et qu’ils se croient obligés de voter.

Il faut que ce danger soit bien inévitable, puisque l’Angleterre elle-même, qui offre assurément le type le plus parfait du régime parlementaire, celui où le représentant est le plus indépendant de son électeur, n’a pas réussi à s’y soustraire. Herbert Spencer, dans un travail déjà ancien, avait montré que l’accroissement de la liberté apparente devait être suivi d’une diminution de la liberté réelle. Reprenant la même thèse dans son livre récent, l’Individu contre l’État, il s’exprime ainsi au sujet du parlement anglais :

« Depuis cette époque la législation a suivi le cours que j’indiquais. Des mesures dictatoriales, se multipliant rapidement, ont continuellement tendu à restreindre les libertés individuelles, et cela de deux manières : des réglementations ont été établies, chaque année en plus grand nombre, qui imposent une contrainte au citoyen là où ses actes étaient auparavant complètement libres, et le forcent à accomplir des actes qu’il pouvait auparavant accomplir ou ne pas accomplir, à volonté. En même temps des charges publiques, de plus en plus lourdes, surtout locales, ont restreint davantage sa liberté en diminuant cette portion de ses profits qu’il peut dépenser à sa guise, et en augmentant la portion qui lui est enlevée pour être dépensée selon le bon plaisir des agents publics. »


Cette restriction progressive des libertés se manifeste pour tous les pays sous une forme spéciale, que Herbert Spencer n’a pas indiquée, et qui est celle-ci : La création