Page:Le Braz - La légende de la mort chez les Bretons vol 2 1902.djvu/183

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de suite, prit le trot avec une ardeur qui n*était guère dans ses habitudes, même quand il commençait à respirer l'odeur de Tétable*.

— Alors, c'est aussi l'Ile-Grande qui est le but de votre voyage ? interrogea Marie-Job, au bout de quelques instants, histoire de rompre le silence.

— Oui, dit brièvement le vieux qui ne semblait pas causeur et demeurait recroquevillé en deux, sans doute sous le poids de ce fardeau mystérieux qu'on ne voyait pas.

— Je n'ai pas souvenir de vous y avoir jamais rencontré.

— Oh ! non, vous étiez trop jeune quand j'en suis parti.

— Et vous arrivez de loin, à ce qu'il paraît ?

— De très loin.

Marie-Job n'osa le questionner davantage. D'ailleurs, on entrait dans la grève, où il y avait à faire attention, à cause des fondrières de vase et des roches de pierre noire éparses le long de la mauvaise piste qui tenait lieu de chemin. La commissionnaire ne fut pas sans remarquer, à ce propos, que les roues de la

1. Si vous offrez à une personne que vous rencontrez la nuit sur une route de monter dans votre voiture, il arrive ou que le cheval s'emporte, ou qu'il succombe sous le fardeau. La personne disparaît subitement (Ph. Redmond, Some Wexford folklorCi Folkloref t. X, p. 363). C'est là un épisode fréquent dans les légendes irlandaises.