Page:Le Braz - La légende de la mort chez les Bretons vol 2 1902.djvu/195

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et qui savait, comme pas un, son métier de prêtre.

Cette fois, la servante alluma sur le foyer un vrai feu de Saint-Jean, A l'heure accoutumée, elle vit entrer la vieille, et la vieille prit place sur l’escabeau, à l'angle de la cheminée, non-seulement sans grelotter, mais encore sans gémir.

La servante entama la conversation :

— Seigneur Dieu béni ! Vous voilà en meilleur état, marraine. Pourquoi donc vos vêtements étaient-ils trempés à ce point, quand vous êtes venue ici tout d’abord ?

— Je puis le le dire à présent, ma filleule, répondit la pauvresse. Depuis cinquante ans, je fais pénitence au fond de la citerne qui est dans la cour.

— En ce cas, je vous ai peut-être blessée avant-hier, quand j’y ai jeté des pierres pour amuser Ten-fant ?

— Tu m’as sauvée, au contraire. Je ne pouvais sortir de ce trou qu’à la condition d’avoir une pierre dans la main, une pierre de secours jetée par un vivant*

Ce disant, la vieille fouilla dans la poche de sa jupe*

— Cette pierre, la voici, dit-elle. Je te la rends afin qu’elle te porte bonheur.

— Mais alors, reprit la jeune fille, ce n’est donc pas vous qui avez rejeté contre la maison tous les cailloux que j’avais lancés dans la citerne ?

— Certes, non ! Celui qui faisait cela, c’était mon mauvais ange. Heureusement, il n’a pas pu les rejeter tous. Je tenais déjà bien serrée dans ma main la pierre qui devait me sauver. C’est celle que je t’ai re-