Page:Le Braz - La légende de la mort chez les Bretons vol 2 1902.djvu/196

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mise. Garde-la précieusement. Je ne saurais te faire un meilleur cadeau, en reconnaissance du service que tu m'as rendu. Mais si tu t*en sépares, le bonheur sortira de ta maison avec elle.

— Je vous remercie, dit la jeune servante. Je veillerai sur cette pierre de salut comme sur la prunelle de mes yeux. Si vous allez maintenant en paradis, faites savoir à ma mère que vous m'aurez vue.

— Oui, répondit la pauvresse, mais j'attends encore de toi une dernière bonté.

— Parlez ! je suis à vos ordres.

— Il me faut deux messes que tu feras dire à mon intention, dans la chapelle de Saint-Carré, par le recteur qui t'a si bien disposée à mon égard.

•— Soit.

La servante n'eût pas plus tôt prononcé ce mot que la vieille s'évanouit en une petite fumée blanche.

Le recteur de Langoat, le dimanche suivant, partit pour Saint-Carré. Il y célébra les deux messes sollicitées par la mendiante. La jeune servante assista à l’une et à l'autre. Comme elle s'en revenait, nu-pieds, elle vit un léger nuage de poussière s'élever devant elle sur la roule ; ce nuage prit peu à peu la forme de la pauvresse. Seulement le visage semblait tout jeune et resplendissait d'une clarté surnaturelle.

Le vœu de la morte était accompli.

(Conté par Marie Corre. — Penvénan^ 1886.)

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