Page:Le Braz - La légende de la mort chez les Bretons vol 2 1902.djvu/284

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Cil Le fouet de feu

Ceci est la pure vérité : je le tiens de mon grand-père.

Il habitait alors la paroisse de Cavan où il avait pris à ferme des terres appartenant à la veuve de Tan-cien maire, une nommée Perrine Jégou. Plût à Dieu qu'il n'eût jamais signé ce baill II se fût épargné bien des tracas, et nous, ses petits-çnfants, nous n aurions peut-être pas été les pauvres sans-le-sou que nous sommes.

La propriétaire de ces terres de Keraméné était la femme la plus avaricieuse, la plus ladre, la plus impitoyable qu'il y ail eu, de mémoire d'homme, sous le soleil béni. Elle eût tondu le poil des vaches pour le vendre, si elle avait trouvé acquéreur. Je suis sûre qu'elle comptait jusqu'aux feuilles des arbres qui garnissaient les talus de ses champs. Or, il arriva qu'un de ces arbres, un vieux sécot de chêne à demi-pourri, ayant été abattu par un coup de vent, mon grand-père dit à sa femme d'en faire du feu, puisque cependant il n'y avait guère qu'à cela qu'il fût bon. Ce n'était pas un si grand péché, n'est-il pas vrai ? Eh bieni la propriétaire lui intenta un procès, laissant entendre aux juges par le ministère de son avocat, que non-seulement il s'était adjugé cet arbre sans aucun droit,