Page:Le Braz - La légende de la mort chez les Bretons vol 2 1902.djvu/81

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Il n’est pas bon de balayer la maison, après le coucher du soleil. On risquerait de balayer, avec la poussière, les âmes des morts qui, à cette heure-là, obtiennent souvent la permission de rentrer dans leur ancien logis[1].

Surtout, si le vent fait rentrer la poussière, il faut se donner bien garde de la rejeter dehors une seconde fois.

Les gens qui manquent à ces prescriptions ne peuvent dormir, sans être, à tout moment, réveillés en sursaut par les âmes défuntes.

Quand on balaie le soir, on chasse la sainte Vierge qui fait sa tournée pour savoir dans quelles maisons elle peut laisser rentrer ses âmes préférées [Comte de Villiers de l'Ile-Adam, recteur de Ploumilliau, Côtes-du-Nord).


Il est bon de laisser couver un peu de feu sous la

stitions du Morbihan, Revue des traditions populaires, t. VII, p. 178). Un revenant qui était l'âme d’un petit garçon s’était assis sur un trépied que la servante, par méchanceté, avait fait chauffer. La servante mourut dans la nuit (P. Y. Sébillot, Contes et légendes du pays de Gouarec, Revue de Bretagne, de Vendée et d’Anjou, t. XVIII, p. 61.

  1. « Jamais, dans le district de Lesneven, on ne balaie une maison la nuit ; on prétend que c’est en éloigner le bonheur, que les trépassés s’y promènent et que les mouvements d'un balai les blessent et les écartent. Ils nomment cet usage proscrit scubic an anaoun, balaiement des morts. » (Cambry, Voyage dans le Finistère, t. II, p, 32).