Page:Le Braz - La légende de la mort chez les Bretons vol 2 1902.djvu/92

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Qaand il arriva pour prendre son ouvrage, le maître de la ferme fut frappé de voir combien il était pâle et défait.

— Ce bonhomme-ci, pensa-l-il, doit passer la nuit au cimetière, sur la tombe de Tami dont la perle le rend inconsolable.

Et il se promit de le guetter le soir même. Il dut guetter jusqu^à minuit. Comme la lune était claire, il vit alors le revenant traverser la cour, pousser la porte de Fécurie, y pénétrer, puis en ressortir avec François Courtes, et les deux jeunes hommes, le vivant et le mort, s'acheminer vers le moulin : il se glissa dans Tombre des (alus, sur leurs traces. Une touffe de saule, qui surplombait Tétang, lui permit d'assister à leur plongeon et d'entendre leur conversation sous l'eau.

^^ Oh ! je n'en peux plus 1 je n'en peux plus ! gémissait Courtes.

Et l'autre ne cessait de répéter à son ami :

— Du courage ! Du courage !

— Non ! je sens que je défaille. Jamais je n'irai IvLsqu^kVAngélus !

— Si, si ! Sois fort ! Encore deux heures... Encore une heure et demie... et grâce à toi je vais être délivré ! Songe à cela. Tes peines vont finir et tu m'auras ouvert les joies du Ciel où tu ne tarderas pas à me rejoindre.

Le fermier, derrière son saule, suait une sueur d'angoisse. 11 eût souhaité de s'enfuir et n'osait faire un mouvement. EnSn, le firmament blanchit : à Botsorhel, VAngehis sonna. Aussitôt, du fond de Tétang, jaillirent deux grands cris :