Page:Le Braz - La légende de la mort en Basse Bretagne 1893.djvu/25

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traditionnelles ; il y prête même parfois son concours : le prêtre bénit le bûcher et y met le premier le feu. Ce n’est point du reste un fait exceptionnel, on en trouverait des exemples dans plusieurs autres provinces de France, en particulier dans le Languedoc. Il semble bien que ce ne soit point seulement de la part du clergé local le désir de ne point froisser les sentiments des fidèles attachés depuis de si longues générations à ces vieilles coutumes où vit encore tout entier tout le passé de la race celtique : il semble que ce ne soit point seulement cette prudence qui bien souvent a fait mettre sur le menhir ou la pierre dressée qu’on adorait une croix qui les faisait chrétiens, ou qui a poussé à édifier le sanctuaire d’un saint près de l’arbre séculaire ou de la source sacrée qui étaient déjà l’objet d’un culte. Les prêtres paraissent en réalité partager les sentiments du troupeau qu’ils enseignent ; à eux aussi ces cultes animistes ou magiques semblent pouvoir prendre place dans le rituel catholique, à côté du culte orthodoxe de la Vierge ou des saints. C’est précisément parce que tout cet ensemble de rites et de coutumes a été pour ainsi dire assimilé par le christianisme qu’il a survécu presque intact jusqu’à l’époque contemporaine. Il eût été fort difficile que