Page:Le Braz - La légende de la mort en Basse Bretagne 1893.djvu/26

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ces pratiques se conservassent comme une sorte de culte secret, de magie traditionnelle dans des populations aussi étroitement assujetties à la discipline ecclésiastique. Ce n’est pas malgré le catholicisme, mais par lui qu’elles ont duré.

En réalité toutes les cérémonies, tous les usages, que le clergé pour des raisons d’ordre théologique ou moral a voulu détruire, il les a sinon détruits, du moins rendus plus rares et presque exceptionnels. C’est ainsi que c’est grâce à l’initiative d’un recteur que l’on ne voue plus à saint Yves la Vérité. On croit bien encore que si un homme était ainsi voué il mourrait ; il pourra certainement arriver qu’en fait on attribue à cette cause une mort restée inexpliquée, mais la cérémonie magique elle-même, on ne l’accomplit plus.

Il est, au reste, certains de ces rites qui ne pouvaient se passer de l’intervention active d’un prêtre, les conjurations par exemple. Depuis que les prêtres n’acceptent plus de conjurer les âmes que leurs crimes condamnent à errer autour des demeures des vivants, tout un ensemble de pratiques extrêmement curieuses a disparu, et du même coup s’est tarie une source légendaire très abondante.

À la place des légendes vivantes de conjurations