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XLV

L’histoire du maréchal ferrant


Il était une fois un maréchal-ferrant qui s’appelait Fanchi et qui avait sa forge au bourg de Caouennek[1]. Il cultivait de plus quelques arpents de terre, attenant à sa forge, et il trouvait moyen de nourrir deux ou trois vaches. Il aurait dû être à l’aise dans ses affaires, car il travaillait avec courage. Malheureusement sa femme était un puits de dépenses. L’argent que Fanchi lui remettait, il ne le revoyait plus, sans qu’il pût savoir à quoi il avait été employé. Il ne se doutait pas, l’excellent homme, que Marie Bénec’h, sa triste moitié, tandis qu’il peinait à l’enclume, passait son temps à commérer d’auberge en auberge, et à payer du micamo, c’est-à-dire du café « salé avec de l’eau-de-vie », à toutes les Jeannettes du voisinage.

Fanchi avait un apprenti, nommé Louiz, qui était dans sa maison depuis nombre d’années et en qui il avait grande confiance.

Un soir, il dit à l’apprenti :

— Sois de bonne heure sur pied demain matin. Marie Bénec’h prétend que sa bourse est vide. Nous

  1. Entre Pluzunet et Tonquédec.