Page:Le Braz - La légende de la mort en Basse Bretagne 1893.djvu/332

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— Eh bien ! c’est grand dommage, dit le marchand. En prenant ne fût-ce que pour un sou de marchandise vous nous eussiez délivré tous.

À peine eut-il parlé, la ville disparut.

La femme se retrouva seule sur la grève. Elle fut si fort émue de cette aventure qu’elle s’évanouit. Des douaniers qui faisaient leur ronde la transportèrent chez elle. À quinze jours de là, elle mourut.

(Conté par Lise Bellec. — Port-Blanc.)


Deux jeunes hommes de Buguélès étaient allés nuitamment couper du goémon à Gueltraz, ce qui est sévèrement prohibé, comme chacun sait. Ils étaient tout occupés à leur besogne, quand une vieille, très vieille, vint à eux. Elle pliait sous le faix de bois mort.

— Jeunes gens, dit-elle d’une voix suppliante, vous seriez bien gentils de me porter ce fardeau jusqu’à ma demeure. Ce n’est pas loin, et vous rendriez grand service à une pauvre femme.

— Oh bien ! répondit l’un d’eux, nous avons mieux à faire.

— Sans compter, ajouta l’autre, que tu serais capable de nous dénoncer à la douane.

— Maudits soyez-vous ! s’écria alors la vieille. Si vous m’aviez répondu : oui, vous auriez ressuscité la ville d’Is.

Et, sur ces mots, elle disparut.

(Conté par Françoise Thomas. — Penvénan, 1886.)