Page:Le Braz - La légende de la mort en Basse Bretagne 1893.djvu/39

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tinuer de vivre au fond des eaux, et le caractère de cette grande cité endormie sous les mers et cependant vivante à demi reste très obscur. Est-ce, ainsi que j’en faisais tout à l’heure l’hypothèse, une sorte de demeure sous-marine des morts ou bien est-ce, au contraire, comme certains indices semblent le montrer, une ville enchantée qu’un charme magique retient captive sous les eaux ? Tout d’abord il semble bien que la ville d’Ys ne puisse être considérée ni comme un enfer ni comme un paradis ; si ceux qui l’habitent ne l’habitent que pour un temps, si ces habitants sont des morts, il faudrait la regarder comme une sorte de purgatoire. Le mot de résurrection est sans cesse employé pour indiquer la délivrance de la ville, et cela tendrait à faire croire qu’il s’agit bien d’une ville morte, d’une ville où n’habitent que des âmes, mais d’autre part certains récits semblent montrer que la ville a été enchantée et que la légende de la Ville d’Ys appartient par un certain côté à ce cycle de contes dont le type est la Belle au bois dormant. « Quand la ville fut engloutie, chacun garda l’attitude qu’il avait et continua de faire ce qu’il faisait au moment de la catastrophe. Les vieilles qui filaient continuent de filer. Les marchands de drap continuent de vendre la même pièce d’étoffe