Page:Le Braz - La légende de la mort en Basse Bretagne 1893.djvu/40

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aux mêmes acheteurs. » Il suffirait qu’un habitant de ce monde-ci achetât pour un sou de marchandise dans la ville d’Ys pour qu’elle fût délivrée. Mais on ne sait en quoi consisterait cette délivrance ; est-ce la mort véritable ou au contraire la résurrection et la remontée au-dessus des eaux de la ville engloutie ? À coup sûr, la seconde hypothèse a rencontré des adeptes, et M. Sauvé rapporte une tradition qui le montre clairement : un jour viendra où la ville d’Ys reparaîtra au-dessus des mers et alors les villes d’aujourd’hui, les villes vivantes s’abîmeront à leur tour. Mais n’est-ce pas d’une courte résurrection qu’il s’agit, d’une résurrection miraculeuse qui marquera la fin du monde et précédera le dernier jugement. Un épisode de la légende de la Princesse rouge, que M. Le Braz a recueillie au Port-Blanc, tendrait à faire admettre cette supposition, à faire supposer même que c’est la mort qui a souvent été considérée comme cette délivrance que doit amener la rupture du charme[1], lorsque la femme qui a conjuré la Princesse rouge ouvre le vivier, les noyés qui y étaient enfermés se lèvent comme ressuscités, puis s’éloignent en une longue procession, marchant sur les eaux comme fit Jésus.

  1. Mélusine, t. II, col. 332.