Page:Le Braz - La légende de la mort en Basse Bretagne 1893.djvu/417

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tification, à aller de porte en porte mendier du travail.

Ce fut l’avis de chacun.

La femme de chambre de la princesse avait charge de promener le petit Iannik, tous les jours, entre midi et quatre heures. Elle le conduisait d’ordinaire aux champs où l’enfant s’amusait fort à regarder travailler les hommes. Ce midi-là, elle lui dit :

Je vais te faire voir un bel ermite qui fend du bois, pour mériter le ciel.

Ils se rendirent donc à la forêt, où Jean ne perdait pas son temps, car on entendait de loin le bruit de sa hache s’enfonçant dans les troncs d’arbres.

Dès qu’il fut en présence du prétendu ermite, l’enfant se mit à le dévisager fixement. Puis, cet examen terminé, il dit d’une voix tranquille, avec un air sérieux :

— C’est vous, mon père, qui peinez dur ! Vous abattez à vous seul autant de besogne que trois journaliers ensemble.

— Que dis-tu là, mon enfant ? Je ne suis pas ton père.

— Ne parlez pas ainsi : les autres ne le savent pas, mais moi je le sais.

Jean Carré se mit à rire.

— Tenez ! reprit l’enfant, vous avez à la joue une fossette toute semblable à la mienne. Je la vois bien, malgré votre barbe.

La femme de chambre n’était pas intervenue dans