Page:Le Braz - La légende de la mort en Basse Bretagne 1893.djvu/418

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ce colloque. Mais la dernière remarque de l’enfant l’avait frappée.

— Maman ! s’écria le petit Iannik en rentrant au château, maman ! j’ai vu mon père.

— Hélas ! mon enfant, il y a plus de deux ans que ton père est mort.

— Mon père n’est pas mort. Vous pouvez me croire, quand je vous affirme qu’il est bien vivant.

— Je l’affirmerais volontiers moi-même, prononça la femme de chambre. Elle raconta à sa maîtresse ce qui s’était passé dans la forêt. La princesse en fut toute troublée. Elle n’avait pas cessé d’aimer Jean, mais elle avait une peur mortelle que tout ceci ne fût qu’un leurre. Elle alla trouver la marraine et en causa avec elle.

— Faisons toujours venir l’ermite, dit la marraine.

Jean fut mandé au château. Il y arriva, les yeux baignés de larmes.

— Pourquoi pleurez-vous ? lui demanda-t-on.

— Je pleure de joie. On a bien raison de dire que c’est sur les lèvres des enfants que Dieu a mis la meilleure des sagesses.

Il fit alors le récit de son aventure, sans rien omettre, ni la perfidie du juif, ni l’efficace reconnaissance du mort.

La femme de chambre courut au village voisin et en ramena barbier et perruquier. Jean Carré ne tarda pas à sortir de leurs mains identiquement pareil à ce qu’il était deux années auparavant. On lui fit alors prendre un bain et on le revêtit de son habit de ma-