Page:Le Degré des âges du plaisir, suivi de L’École des filles, 1863, T1.djvu/60

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n’est pas rare dans un méprisable ministre de l’Église ; plus d’un s’est signalé dans de semblables forfaits. Constance ne tarda pas à se repentir de sa fuite ; en arrivant, elle se livra aux plaisirs effrénés de la débauche et de la lubricité ; méprisant souverainement l’objet qui avait pu la réduire dans l’état où elle se trouvait, elle ne rougit pas de livrer ses appas aux fréluquets dont cette grande ville est pourvue ; et le temps de sa grossesse étant arrivé, l’abbé, l’infâme abbé, saisit ce moment pour la dévaliser et la laisser sans ressources au milieu de Paris. Qu’on me permette d’employer ses expressions pour dire ce qu’elle devint. C’est maintenant Constance qui parle :

« Après la lâche et honteuse fuite de l’abbé, toute autre que moi se serait trouvée abattue par le désespoir ; mais point du tout. Je regrettai plutôt la perte de ma petite fortune que cet indigne suborneur ; j’avais lu l’histoire du fameux Dom-Bougre, portier des Chartreux, Thérèse philosophe, la Religieuse en chemise et mille autre livres de cette espèce. J’y avais remarqué les moyens employés par les filles libertines qui s’étaient trouvées dans le même embarras que moi.

« À peine eus-je fait déposer mon enfant dans