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l’hospice destiné à recevoir les orphelins infortunés et que je fus relevée de mes couches, que je changeai d’hôtel et me transportai dans un domicile où de tous temps avaient logé des femmes prostituées, c’est-à-dire au bordel. Le matin, je faisais des parties, et au déclin du jour, postée en sentinelle sur le seuil de ma porte, j’y toisais les passants d’un regard lubrique et effronté, et les invitais à venir recueillir le suc précieux de mes faveurs amoureuses, je ne dirai pas le poison infect de la vérole, car Vénus sans doute préside au soutien de mon existence, puisque dans la multiplicité d’hommes à qui j’ai livré sans réserve la possession de mes charmes je n’ai reçu d’aucun ce tribut de la prostitution.

« Elle est innombrable la multiplicité d’aventures qui me sont arrivées dans ce charmant état. J’en donnerai quelque jour un détail circonstancié et me plairai à décrire toutes ces paillardises de ceux qui viennent au bordel, à prix d’argent, essayer de retrouver leurs forces épuisées.

« Tantôt un vieil abbé prenait plaisir à marmotter ses patenôtres sur mon ventre nu et à baiser dévotement la relique qui était au bas, tandis


 LE DEGRÉ. TOME 1.
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