Page:Le Degré des âges du plaisir, suivi de L’École des filles, 1863, T1.djvu/71

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 63 —


le colonel jusqu’au moindre officier, tous briguent sa conquête. C’est elle qui fait la plus ample récolte, et, quoique notre camarade, elle ne voyage jamais qu’en poste, tandis que le plus souvent nous allons nu-pieds. Elle doit arriver demain, messieurs, continua-t-il en regardant avec attention ce groupe de Cesars de ma trempe qui l’écoutait, vous la verrez ; mais gare vos cœurs et vos pistoles.

Je fis mon profit de l’avertissement, mais cependant je me résolus bien d’arracher pied ou aile de mademoiselle Jolival, si elle était en effet telle qu’on nous l’avait dépeinte, et pour cet effet j’allai l’attendre sur les glacis du rempart, à l’heure à peu près ou elle devait arriver.

Je ne fus pas longtemps dans l’attente. Une chaise que je vis de loin m’annonça l’objet pour qui je me sentais déjà de la passion, et fut arrêtée par la sentinelle. Je volai au poste assez tôt pour voir la belle Jolival. Je dis à la sentinelle de la laisser passer, et indiquai au postillon la route de mon auberge. Je servis d’écuyer à cette infante de coulisse, qui agréa mes soins comme ceux du premier venu, et dès le même soir je soupai et couchai avec elle, après quelques grimaces de sa