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en entendant les imprécations que j’adressais au sort maudit qui me persécutait, s’offrit à me consoler ; je reçus d’abord très-patiemment ses raisonnements à perte de vue, mais je m’accoutumai à l’entendre, et bientôt je me rangeai du parti de la philosophie.

Je ne sais comment était construite Gabrielle d’Estrées que par le portrait peut-être flatté que les peintres et les romanciers nous en ont donné ; mais Gabrielle Durand, ainsi se nommait ma voisine, était un miracle d’amour : minois appétissant, gorge friande, tetons d’albâtre, cuisses faites au tour et une croupe semblable à celle du pourceau du bon Dieu, qui fournissait à ses appointements ; tous ces attraits étaient plus que suffisants pour me rendre aux plaisirs. D’ailleurs, Gabrielle était désintéressée ; c’était en moi l’homme qu’elle recherchait et non la fortune ; je devins donc l’adjoint de l’évêque démonseigneurisé, et depuis ce temps, établis sur le même palier, Son Éminence avait pour son or quelques matinées et moi le reste du jour et les nuits entières.

Je ne pensais plus au jeu ; baiser et rebaiser ma divine Gabrielle, sucer le bout de ses tetons, entrelacer les poils blonds de sa moniche, l’asseoir