Page:Le Fèvre-Deumier - Œuvres d'un désœuvré, tome 2, Les vespres de l’abbaye Du Val, 1842.djvu/481

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Dormir ensanglantés, un monstre sur le seuil ?
Sentinelle et laquais de votre métropole,
Qui garde vos maisons, son couteau sur l’épaule,
Qui vous a conseillé d’inventer le Bourreau,
Cet assassin légal, qui vous sert de manteau,
Protecteur qui répugne à celui qu’il protège,
Et que protège seul l’opprobre qui l’assiège :
Un être de rebut, nommeë par son métier,
Qu’on ne peut pas comprendre, et qu’on ose payer :
Des ulcères du monde effrayant exutoire,
Qui, sans guérir vos maux, en gangrène l’histoire ?
Vous, qui l’avez créé, ne le reniez pas.
Si la mort des méchants fait la paix des états,
Pourquoi couvrir d’honneur le juge qui l’ordonne,
De boue et de mépris le vassal qui la donne ?
Pourquoi, s’il est du peuple un des plus sûrs soutiens,
Lui refuser sa place au corps des citoyens ?
Vous aiguisez le fer, vous voulez que l’on tue,
Et quand on obéit, vous détournez la vue !
Egorgez donc vous-même, ou cessez d’égorger.
Quelque brigand de moins semble vous alléger :
Son pays, quand il meurt, se croit plus sûr de vivre :
Et de ce grand péril celui qui vous délivre,
Plus utile que vous, n’est pas au même rang !
Pourquoi se contredire : est-il si différent
De faire ou d’ordonner une œuvre meurtrière ?
C’est se mettre plusieurs, pour frapper par derrière ;