Page:Le Fèvre-Deumier - Œuvres d'un désœuvré, tome 2, Les vespres de l’abbaye Du Val, 1842.djvu/483

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Tâchez jusqu’au pardon d’élever l’équité :
La pitié même au ciel n’est pas l’impunité.
Pardonnez : et vos mœurs vont dater d’une autre êre,
Et vieil enfant, sevré de son lait funéraire,
L’homme, qui rampe encor, pourra bientôt bondir,
Sans glisser dans le sang, qu’il a bu pour grandir.

IX.


Qui de nous n’a gémi sur les maux de la guerre,
Dont la tempête armée enveloppe la terre,
Et n’attend, pour tomber, que le signal des rois ?
La guerre aura son frein dans la douceur des lois.
Qu’on vante, si l’on veut, ce fléau magnanime !
Pour moi, Je n’y vois rien qu’une lèpre unanime,
Dont on se guérira sous des codes meilleurs.
C’est le crime, passé dans les mains de plusieurs,
Le meurtre organisé, déclaré légitime,
Sur la foi d’un traité signé par la victime,
Et qui nous fait verser, à nous et nos enfants,
Plus de pleurs en un jour, que le crime en vingt ans.
Est-ce un bout de laurier qui le métamorphose ?
L’attentat est le même, aussi bien que sa cause.
Que m’importe de voir, au front du meurtrier,
Le bonnet d’un esclave, ou celui d’un guerrier !
Attifez son orgueil des haïllons de la gloire :
Le nom d’assassin perce à travers la victoire.