Page:Le Fèvre-Deumier - Œuvres d'un désœuvré, tome 2, Les vespres de l’abbaye Du Val, 1842.djvu/484

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Ces cris d’amour, cesfleurs, qu’on Jette sur ses pas,
Décorent son forfait, et ne le cachent pas.
Tranchez, ou couronnez, sa tête fratricide,
En est-il moins Caïn ? Et n’est-il pas stupide,
Quand on se leve en corps contre l’assassinat,
De le prendre à sa solde, en l’appelant soldat ?
N’est-ce pas à vos yeux le comble du délire,
D’applaudir aux forfaits qu’on prétend interdire ;
Et quand on fait des lois, pour s’en débarrasser,
D’en destiner une autre à le récompenser ?

X.


Providence terrestre, 1l faut que la Justice
N’ose pas d’un coupable offrir le sacrifice,
Et l’on craindra bientôt d’immoler, sans raison,
Des milliers d’innocents à la gloire d’un nom.
Respectons, dans la vie, un bien qu’on peut défendre,
Mais qu’un autre que nous a seul droit de reprendre !
Que l’homme, en sa faveur, daigne, au moins d’un côté,
Faire acte de respect envers l’humanité !
Quand il aura fermé quelqu’une de ses tombes,
Soyez sûr que bientôt, cessant leurs hécatombes,
Des rois n’oseront plus commander à ses mains
De faucher, comme l’herbe, une moisson d’humains :
Et l’arbre social, qui doit couvrir le monde,
Grandira, délivré de la faulx qui l’émonde.