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LA MYSTÉRIEUSE AVENTURE DE FRIDETTE

péniblement le long d’une corniche, attachés l’un à l’autre, brusquement, d’un coup de son couteau, le misérable avait tranché la corde.

André avait roulé dans le gouffre, et Mornstein, sûr désormais de pouvoir agir en toute liberté, avait repris le chemin du chalet.

Mais, quand il en avait touché le seuil, déjà un travail s’était fait en lui sous l’influence de l’alcool que contenait sa gourde et dont il avait absorbé la totalité, moins pour se réchauffer que pour tenter de fuir les sinistres papillons noirs qui commençaient à voltiger autour de son cerveau…

Il n’en était cependant pas à son premier crime, et l’audace avec laquelle il s’était débarrassé de François Merlier aurait dû le trouver cuirassé contre les émotions d’un second meurtre…

Mais, peut-être, le décor tragique dans lequel il avait dû opérer, le côté mystérieux de cette nuit noire et pleine de silence, silence coupé par le tonnerre des avalanches, le sanglot des torrents, l’aspect fantomatique des pics neigeux, peut-être tout cela avait-il contribué à l’impressionner profondément et sinistrement…

C’est pourquoi, à peine rentré, il s’était jeté sur le litre d’eau-de-vie dont plusieurs rasades successives avaient porté à son cerveau un coup funeste…

Alors, l’alcool agissant, des hallucinations l’avaient assailli qui, répétées, avaient fini par provoquer une lésion au cerveau.