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LA MYSTÉRIEUSE AVENTURE DE FRIDETTE

À toute seconde, le malheureux s’attendait à se voir plongé dans le gouffre où il retrouverait les victimes du sous-marin ennemi…

Tout à coup, il eut comme une hallucination : à la lueur blafarde d’un éclair ne lui avait-il pas semblé apercevoir, à trois ou quatre encâblures à peine, une tache sombre, sur laquelle des formes plus claires s’agitaient…

Et ces formes claires avaient quelque ressemblance avec des silhouettes humaines…

Ohé !… fit-il, du bateau !…

Pendant longtemps, il s’époumona ainsi, mais le heurt formidables des vagues, le grondement du tonnerre couvraient sa voix…

Le même courant qui les avait emportés loin du lieu du sinistre les y avait ramenés ; et maintenant, son épave et le radeau qu’il apercevait flottaient à l’aventure, obéissant aux mêmes caprices de la mer…

S’il eût fait jour, on l’eût aperçu et peut-être alors le sauvetage eût-il pu s’opérer…

Mais au milieu de cette nuit noire comme de la poix, qu’avait-il le droit d’attendre ?…

Avait-il même l’espoir de voir se lever l’aurore ?…

Anéanti de fatigue et de faim, à peine pouvait-il encore se cramponner à l’épave qui le portait…

Avant peu, ses doigts, brisés, engourdis, lâcheraient prise, et la première vague un peu forte l’emporterait.