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LA MYSTÉRIEUSE AVENTURE DE FRIDETTE

Assise à côté de lui, un peu à l’écart des autres naufragés, Mlle Dubreuil guettait son réveil avec une angoisse que chaque seconde écoulée accroissait…

La situation empirait d’heure en heure, au fur et à mesure que ses compagnons d’infortune désespéraient davantage de tout secours…

Le peu de provisions que, dans l’affolement premier, on avait jetées dans le canot était épuisé déjà… L’eau manquait et, pour comble d’infortune, plusieurs de ceux qui se trouvaient là, frappés de folie, menaçaient les autres…

Déjà, quelques-uns s’étaient jetés à la mer…

En outre, l’embarcation, fort éprouvée par la tempête qu’elle avait dû essuyer au cours de la nuit précédente, commençait à faire eau, et, si parmi les naufragés, il ne s’en était trouvé, plus conscients du danger, pour avoir le courage d’écoper sans arrêts, depuis longtemps l’embarcation et ceux qui la montaient fussent allés par le fond…

Il apparaissait donc à ceux qui avaient conservé en eux le plus âpre désir de vivre que l’allégement de l’embarcation s’imposait, par n’importe quel moyen…

Tout bas, Fridette murmura à l’oreille de Routier :

— J’ai peur que ces gens là ne profitent de la nuit pour jeter par-dessus bord tous ceux qui n’auront pas la force de se défendre…

Le jeune homme, fouetté par ces paroles, lui déclara tout bas :