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LA MYSTÉRIEUSE AVENTURE DE FRIDETTE

Mais, ce soir-là, la beauté féerique du décor n’était pour rien dans sa contemplation : c’était en dedans de lui-même qu’il regardait, et c’était avec effroi qu’il croyait constater dans son âme les germes d’un sentiment inconnu jusqu’alors de lui…

Il n’en pouvait douter, c’était l’arrivée inopinée de M. Heldrick qui le faisait hésiter maintenant à quitter la Weisse Frau… Et pourquoi ce brusque revirement ?…

Hélas ! parce qu’il se rappelait avec une précision singulière de quelles attentions, à bord de l’Auvergne, Mlle Merlier avait été l’objet de la part de leur compagnon de voyage…

Déjà, à cette époque, les allures et le langage du Hollandais avaient le don de l’énerver quelque peu… sans qu’il pût se rendre compte du pourquoi…

Mais maintenant… maintenant… il comprenait que c’était la jalousie qui le mordait de ses dents acérées…

Oui !… la jalousie !… André était jaloux de l’étranger qui osait témoigner à cette jeune fille un sentiment que lui-même, éprouvait pour elle, et il attendrait pour quitter la Weisse Frau que M. Heldrick l’eût quittée lui-même…

Et c’est ainsi que, les jours s’ajoutant aux jours, chacun des deux mettant sur le compte de la beauté et du charme du paysage la répugnance qu’il éprouvait à boucler sa valise, le chalet des époux Bienthall avait conservé ses hôtes bien au delà du terme assigné.