Page:Le Goffic - L'Âme bretonne série 1, 1902.djvu/72

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dernière qu’on ait faite du livre d’Albert Le Grand, la meilleure aussi, mais qui est malheureusement devenue, comme les précédentes, de la plus grande rareté[1].

Le livre du P. Albert, salué à son apparition d’un applaudissement unanime, ne rencontra de détracteurs qu’au siècle suivant et chez les Bénédictins. On lui reprocha de manquer de critique, d’accepter toutes les sortes de faits sans les contrôler. Le savant Lobineau, qui publia lui-même une Vie des Saints bretons, alla jusqu’à dire que l’ouvrage de son prédécesseur était « bien moins propre à édifier les fidèles qu’à réjouir les libertins ». À quoi dom Morice répliqua fort judicieusement que tel n’avait pu être « le but d’Albert Le Grand, qui avait beaucoup de piété et de religion ». Mais il concédait que le P. Albert s’était montré « un peu trop crédule » et avait manqué de l’érudition nécessaire pour discerner le vrai du faux. »

Nous le prenons d’autre sorte aujourd’hui avec le

  1. Depuis que ces lignes sont écrites, une nouvelle édition de la Vie des Saints d’Albert Le Grand, publiée avec tout le soin désirable chez J. Salaun (Quimper), est venue donner satisfaction aux admirateurs du bon hagiographe. Les vies des saints y ont été annotées par MM. A.-M. Thomas et J.-M. Abgrall, chanoines honoraires, dont il est surperflu de vanter l’érudition ; les catalogues par M. Peyron, chancelier-archiviste de l’évêché de Quimper, qui n’a laissé subsister aucune lacune. Cette édition, sortie des presses renommées de H. Vatar, ne fait pas moins d’honneur au libraire qui l’a entreprise qu’aux savants ecclésiastiques qui l’ont enrichie de leurs scholies.