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Page:Le Goffic - L'Âme bretonne série 4, 1924.djvu/389

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d’une héroïque résistance à l’envahisseur et d’exaltantes légendes d’amour, nées probablement outre-Manche. Voilà le maigre patrimoine qu’on nous propose de revendiquer en échange des riches dépouilles d’Athènes et de Rome. Nous n’en ferons rien. Ou plutôt nous continuerons d’être Latins en même temps que Celtes.

L’équilibre de l’âme française est à ce prix, cette âme qui nous vient bien réellement, elle, du profond des âges, cette âme pareille à celle des Gaulois du temps de Strabon et de Jules César, ardente et mobile, avide d’inconnu, passionnée de liberté, folle de grands mots et de périodes pompeuses, crédule, étourdie, brave, charmante et misérable et qui n’aurait pas plus compté dans le monde que l’âme irlandaise ou calédonienne, si elle ne s’était fortifiée de raison romaine et organisée sur le plan de l’ordre latin[1].

  1. J’ai reçu, à propos de ce premier article, la lettre suivante de M. Edouard Schuré. Son intérêt est trop vif pour que je n’en lasse pas part à mes lecteurs et aussi bien met-elle les choses au point en ce qui concerne le régime d’éducation à donner aux Français :

    Cher Monsieur et Cher Confrère

    J’ai lu ce matin avec un vif plaisir votre bel article sur le Renouveau celtique à propos de ma Druidesse dans la République Française. Je tiens à vous remercier sur-le-champ pour tout ce que vous dites d’aimable et d’intelligent sur mon drame, comme aussi sur mon étude consacrée à l’âme celtique…

    À ce propos, je tiens à vous dire que je ne donne pas dans les exagérations des panceltistes. L’auteur des Grands Initiés n’ignore pas tout ce que nous devons à la civilisation gréco-latine, qui représente la grande tradition humaine et divine venue d’Orient. Il sait aussi que, sans elle, nous ne serions pas parvenus à la conscience de nous-mêmes. Mais cette conscience originaire et durable ne devons-nous pas aujourd’hui la rallumer à nos origines nationales ?