Page:Le Goffic - L'Âme bretonne série 4, 1924.djvu/390

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    L’intuition, la sympathie humaine, le sens psychique de la divination sont des vertus celtiques. Il faut réveiller notre awen, ce qui est le plus nôtre, le génie propre de notre race.

    Et ce serait encore une preuve que Vercingétorix eut raison de lutter contre César et que, malgré sa défaite, son œuvre ne fût pas vaine, puisque l’âme celtique ressuscite en nous.

    Voilà ce que tente de dire ma Druidesse. J’ignore si je l’ai bien dit, mais je sais que toute votre œuvre charmante, puissante et variée, l’affirme avec éclat. Et voilà pourquoi le Celte alsacien que je suis sympathise profondément — par dessus les Vosges, la Seine et la Loire — avec le Celte breton et même latin que vous êtes.

    Croyez-moi, mon cher poète, etc.

    Ed. Schuré.


    Est-il besoin de dire combien cette lettre m’a réjoui ? Dès lors que M. Schuré entend conserver, à la base de notre enseignement secondaire, le latin et le grec, nous sommes d’accord et je ne suis pas homme à nier — alors que tout mon effort personnel atteste le contraire — le profit considérable que nous pourrions tirer d’une connaissance plus approfondie de notre passé national.

    J’ai eu soin, d’ailleurs, de mettre à part les Bretons armoricains qui parlent une langue détachée du même rameau celtique d’où sont issus le cornique, aujourd’hui disparu, et le gallois moderne.

    Ce que j’ai affirmé, laissant également de côté la merveilleuse floraison de la littérature irlandaise, les Mabinogion, les Triades galloises (d’ailleurs en partie apocryphes), etc., c’est que les Celtes de Gaule ne nous avaient transmis ni un poème, ni un monument. Et si j’ai fait une exception, quoiqu’elles soient bien postérieures, pour les légendes d’où sont sortis nos romans de la Table-Ronde, c’est que ces légendes agirent avec une force singulière sur le Moyen-Âge et que par elles, vraiment, comme je l’ai dit dans l’Âme Bretonne, les Celtes furent les professeurs d’idéalisme de l’Occident.

    N’oublions pas cependant tout ce que le catholicisme avait introduit de romain dans ces légendes où le merveilleux celtique est constamment aux prises avec la morale chrétienne. Et, pour ce qu’elles doivent même à l’antiquité hellénique, reportons-nous à M. Bédier.