Page:Le Goffic - Le Crucifié de Keraliès.djvu/12

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puis des houx bleus, des prunelliers et du jonc. Mais on voit toujours le sable sous ce réseau de plantes à demi mortes, un sable blanc, fin comme une cendre et qui s’enlève au moindre vent. Il a roulé sur Morvic comme une trombe ; il a tout recouvert de ses couches épaisses, et c’est seulement du côté de Landrellec qu’apparaissent les assises granitiques du plateau. Les quelques roches que n’a point entamées le pic des carriers ont pris des teintes sombres et hâlées ; mais là où les roches ont été fendues, le grain en est si blanc qu’elles ressemblent à du marbre.

Aussi, en 18.., quand on commença de construire le phare des Héaux, une équipe de carriers vint-elle s’établir à Morvic, vierge jusqu’alors d’habitants. L’espoir d’un gain facile, régulier, décida un aubergiste de Landrellec à y monter une cantine dont il ne reste plus que les pignons et une partie du mur de face. Cet aubergiste se nommait Yves-Marie Salaûn et avait épousé, quelques années auparavant, une femme de Pleumeur, Coupaïa (Pompée) Kergoat. Leurs affaires marchèrent d’abord assez bien ; mais l’homme était buveur ; une gabare qu’ils achetèrent sur leurs bénéfices et