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XL. Ce Prince estant mort au Manoir de la Touche, près Nantes, au mois d’Aoust l’an 1442, fut enterré au Chœur de l’Eglise Cathedrale de ladite Ville, près le Duc Jean le Conquerant, son Père ; mais les Evesque & Chapitre de Treguer, en vertu de la clause aposée au commencement de cette Fondation, portant que ledit Duc, de l’an 1420, 21. an avant son decez, « avoit éleu & choisi sa sepulture en l’Eglise Cathedrale de Treguer, » donnerent procure à Jean de Nadillac, Chanoine de ladite Eglise, Archidiacre de Plou-kastell, pour faire rendre le Corps dudit Duc à leur Eglise ; ce qu’il poursuivit si bien, que, neuf ans après, qui fut l’an 1451, les ossemens dudit Prince furent délivrez aux Commissaires du Chapitre de Treguer, lesquels l’apporterent jusques en l’Eglise Treviale de Nostre Dame de Runaan, deux lieuës & demie de Land-Treguer ; toutes les Villes, Bourgs & Paroisses, par où ils passoient, faisoient des services et prieres funebres pour le repos de son Ame. L’Evesque de Treguer, Messire Jean de Ploeuc, assisté des Chanoines & Chappelains de sa Cathedrale & des villes & Paroisses circonvoisines, le fut prendre à Runaan, l’emporta en son Eglise & l’y inhuma au bas de sa Chappelle, un peu plus bas que le Sepulchre de saint Yves.

La Bretagne prend ce glorieux Saint pour son Patron ; mais spécialement l’Evesché de Treguer, duquel il estoit originaire : il est aussi Patron de l’Université dudit païs, érigé à Nantes par le Pape Pie II, l’an 1460, à l’instance du Duc François II. Dans laquelle Province, il y a grand nombre d’Eglises dediées à Dieu sous le Nom de ce Saint ; mais sur tout l’Eglise N. Dame de Ker-Martin, à present nommée de Saint Yves, bastie au bout des Rabines de sa maison paternelle, un quart de lieuë hors la Ville de Land-Treguer, est devotement visitée par les Pelerins, non seulement Bretons, mais aussi étrangers de diverses nations, lesquels y viennent & experimentent les effets de son intercession, à la Gloire de Dieu & de son Saint, lequel joûit ès Cieux de la Beatitude éternelle, en la compagnie des Bien-heureux.

La Vie de saint Yves a este par Nous recueillie du Martyrologe Romain, le 19 de May, et Annotations de Baronins sur iceluy, Molinus en ses Additions sur le Martyrologe d’Usward, le 19 May et 17 Octobre ; Bzovius en ses supplédmens aux Annales de Baronius, sur l’an de grace 1374 ; Surius, le 19 de May, qui dit l’avoir prise ex Dipolomate Clementis Sexti ; Pierre de Natalibus, liv. 4, chapitre 21 ; saint Antonin, en la 3. partie de ses Histoires ; l’ancienne Legende dorée, imprimée à Roüen l’an 1521 ; celle de René Benoist et Guillaume Gazel, le 19 May ; T. Friard, és Additions à Ribadeneira ; Robert Cœnalis, de re Gallica, perioch. 6, Chap. 2 ; François Gonzague, en son Histoire de ortu et progressu Seraphicæ Religionis ; Jean Rioche, Provincial des Cordeliers de la Province de Bretagne, en son Compendium temporum ; le Pere Fichet, Cordelier de la Province de Saint Louys, en son livre de l’Exemple de la parfaire contemplation ; Alain Bouchard, en ses Annales de Bretage, livre 4 ; d’Argentré, en son Histoire de Bretagne, en plusieurs endroits ; les anciens Breviaires et Legendaires manuscrits des neuf Eveschez de Bretagne ; le Proprium Sanctorum Rennois et Nantois ; Pierre de la Haye, Sieur de Kerhingant, fit un petit traité des Vie et Miracles de Saint Yves, imprimé és deux langues Bretonne et Françoise, separément, l’an 1623, à Morlaix, par Georges Alienne ; les Archives de l’Eglise Cathedrale de Treguer, desquelles j’ay eu commmication par le moyen de Noble et Discret Messire Pierre Calloët, Chanoine et Grand Archidiacre de Treguer ; le procez manuscrit de sa Canonization, à moy commmiqué par le Sieur de Kerfals et les actes et memoires que m’en donna, l’an 1627, le Sieur de Crekh-an-gouez, Capitaine de la Ville de Lan-Treguer, Seigneur proprietaire des maisons de Kermartin et le Plessix.