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ANNOTATIONS.


LES RELIQUES DE SAINT YVES (A.-M. T.).


Pour ce qui est de leur histoire avant la Révolution, nous n’avons qu’à reproduire ce qu’en a dit dom Lobineau :

« Quand on fit l’élévation des Reliques de S. Yves, la tête fut mise à part, pour être conservée dans le Trésor de l’Église, et le reste fut laissé dans le tombeau. Le Roi de Chipre, à qui un miracle fait en sa personne avoit donné autant de reconnoissance pour S. Yves qu’il s’étoit auparavant senti de dévotion pour lui, pria Charles de Blois son cousin, Duc de Bretagne, alors délivré de sa prison d’Angleterre, de lui envoïer quelque portion des Reliques de ce saint Prêtre. Charles se rendit à Treguer avec la Duchesse son épouse et s’adressa Frère Yves ou Even le Begaignon, Evêque du lieu, Religieux de l’Ordre de S. Dominique, ci-devant Pénitencier du Pape, et depuis Cardinal. Le Prélat et les Chanoines montrèrent à Charles de Blois les Reliques de S. Tugdual et celles de S. Yves, et lui en donnèrent quelques portions pour le Roi de Chipre. Charles leur en témoigna sa reconnoissance par de grandes exemptions qu’il leur accorda par lettres patentes du 24 de juin de l’an 1364. Le même Prince avoit aussi obtenu de l’Évêque de Treguer une portion d’une côte de S. Yves, dont voulant enrichir son Comté de Penthivre, il en fit présent à l’Église de N.-Dame de Lamballe et porta lui-même la Relique, pieds nuds, en procession, tant en l’église des Augustins de la même ville qu’à celle de N.-D. qui sont assez éloignées l’une de l’autre. Cependant la peine ne le rebuta point quoiqu’on ait remarqué qu’il avoit les pieds tout en sang dès les Augustins. Le même prince, peu de tems avant la bataille d’Aurai, étant à Rennes, mit d’autres portions des mêmes reliques dans l’Église Cathedrale, dans celle de S. Georges, et dans celle de S. Melaine où il les porta lui-même, trois jours consécutifs, en procession, et les pieds nuds. Il s’est fait encore d’autres distributions des Reliques de S. Yves, au moïen de l’une desquelles Philippe de Luxembourg, Évêque du Mans, Cardinal et Légat en France, se trouva maître de trois parties considérables de ces ossemens sacrez, dont il fit présent le 4 de mai de l’an 1516 au Roi François I. Le Roi, après son entrée dans Milan les donna le 6 de Novembre de la même année au Marquis de Montferat, pour les porter à Emmanuel I. Roi de Portugal et à la Reine sa femme, Marie d’Arragon. Depuis, Antoine I. qui se dit Roi de Portugal après la mort de Dom Sébastien, les donna le 3 d’Avril de l’an 1594 à Dom Emmanuel Prince de Portugal, à Paris, et celui-ci les déposa dans l’Abbaye de S. Sauveur d’Anvers, de l’Ordre de Citeaux, où elles furent reçues et placées dans le trésor, après avoir été visitées et vérifiées par Aubert Le Mire, Evêque de cette ville, l’an 1620. En 1671 il s’en fit une translation solennelle avec beaucoup de magnificence. Les religieux de cette Abbaïe en donnèrent une esquille en 1675 à un Seigneur du païs, qui en fit part à beaucoup d’autres, et particulièrement à la Confrairie des Jurisconsultes de Gand, dévouée à S. Yves, et qui voulut commencer les exercices de son union le jour de la fête du Saint, le 19 de Mai de l’an 1677. Le Conseil de Malines, touché d’une sainte émulation voulut témoigner autant de zèle pour la gloire de S. Yves, qu’en avoient marqué ceux de Gand. C’est pourquoi ils prièrent, l’an 1670. leur Vice-président du Conseil d’écrire à l’Abbé de S. Sauveur d’Anvers, afin d’obtenir de lui quelque morceau des Reliques de S. Yves pour être placées dans l’Oratoire de la Congrégation des Jésuites de Malines. L’Abbé se rendit aux prières du Vice-président, et l’Évêque d’Anvers s’étant rendu à S. 8auveur le 19 de Janvier de l’année suivante tira du Reliquaire une portion de ce que l’on y conservoit des ossemens de S. Yves qu’il porta lui-même à Malines, et la délivra à la Congrégation des Magistrats et des Jurisconsultes qui tenoit ses assemblées dans l’Oratoire des Jesuites, où elle fut déposée le 2 de Février et placée sur l’Autel avec la solemnité requise le 19 de mai suivant. En 1682 les Jurisconsultes de Louvain obtinrent une pareille faveur de l’Abbé de S. Sauveur